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Alors que la bête immonde ressort de son trou putride pour soit disant défendre la sociale et tenter de récupérer les colères populaires, il est temps de démasquer l’arnaque comme dans cet article paru en ligne sur le site linsoumission.fr
Retraites. Ce jeudi 9 mars 2023, Marine Le Pen était l’invitée du grand entretien de la matinale de France Inter. Un cadeau du ciel pour l’insoumission.fr : une occasion en or de la démasquer en pleine séquence retraite. Nous avons décortiqué pour vous la séquence. Notre article à diffuser autour de vous pour démasquer l’arnaque sociale que constitue le Rassemblement national (RN).
Interrogée sur l’inscription du droit à l’intervention volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, arrachée par l’insoumise Mathilde Panot le 24 novembre dernier à l’Assemblée nationale, et qu’une partie des députés RN n’ont pas voté, Marine Le Pen répond : « l’urgence pour les Français, c’est de pouvoir remplir leurs caddies. L’urgence, c’est de pouvoir faire le plein d’essence, étant donné les prix ». Dès la première question de l’interview, Marine Le Pen, la candidate autoproclamée du « pouvoir d’achat », amène donc d’elle même la question sociale. Le terrain social, allons y avec plaisir.
Face à l’inflation historique dans le pays, l’explosion des prix notamment des produits alimentaires de première nécessité, que propose donc Marine Le Pen ? Bloquer les prix ? Comme le souhaitent 93% des sympathisants RN (sondage ELABE pour BFM BUSINESS) ? Marine le Pen a voté contre, et c’est Emmanuel Macron lui même qui le soulignait lors du débat de l’entre deux tours de la présidentielle. La justification de Marine Le Pen ? « Si vous baissez le prix [du pétrole] et que celui qui vend le pétrole ne rentre pas dans ses frais, il va aller le vendre ailleurs ». Marine Le Pen, le 4 avril 2022, face à Apolline de Malherbe sur BFMTV.
Nous y voilà. Marine Le Pen reprend le vieux fantasme de la droite : « si on les taxe, les riches vont se barrer » (lire notre désintox : « non, les riches ne vont pas quitter le pays »). Au micro de France Inter, Marine Le Pen n’aura donc pas un mot sur les profits historiques de Total, 20,5 milliards d’euros, résultat net le plus élevé jamais réalisé par l’entreprise française. Pas un mot non plus sur le fait que Total n’ai pas payé un centime d’impôt en France en 2021 (enquête de L’Obs, juillet 2022).
Mais que propose donc Marine Le Pen pour que les Français puissent « remplir leurs caddies » et faire « le plein d’essence » ? Indexer les salaires sur l’inflation ? Bonne idée, alors que les salaires réels ont chuté d’au moins 2,2% en 2022 selon BFMTV ? Le RN a voté contre. Vous avez bien lu : le RN a voté contre l’indexation des salaires sur l’inflation, c’était le 20 juillet dernier à l’Assemblée nationale.
Ah, on a trouvé : augmenter le SMIC ? Comme le souhaitent 84% des sympathisants RN (sondage ELABE pour BFM BUSINESS) ? Raté, le RN a voté contre l’augmentation du SMIC à 1500 euros net, le 20 juillet 2022 toujours. Mais que propose donc Marine Le Pen pour remplir les caddies et faire le plein ? Mettre à contribution les profiteurs de crise ? Non plus, on va y revenir. Mais fichtre, que propose donc Marine Le Pen ? Manger de la brioche ? Comme sur les retraites, il aurait été intéressant que les journalistes de France Inter fassent un peu plus leur métier.
Marine Le Pen poursuit : « des milliers de TPE / PME sont en train de défaillir ». Mais pourquoi, alors, le 5 octobre dernier, le RN ne vote pas une réforme de l’impôt sur les sociétés (IS) qui favoriserait les PME ? En effet, comme l’ont souligné les Gilets Jaunes, et comme le souligne notre désintox « trop de taxes en France ? », l’injustice fiscale en France est totale : 4,5% d’impôts en moyenne pour le CAC 40 (enquête de l’Obs, juillet 2022), et entre 15% et 25% d’impôts pour les PME.
Les petits payent gros, les gros payent petit. Mais de ça non plus, Marine Le Pen ne parle pas. Et pour cause, derrière ses discours électoraux, dans ses votes à l’Assemblée nationale, Marine Le Pen défend toujours les intérêts des plus gros, on va y revenir.
L’interview se poursuit. Le journaliste demande alors à Marine Le Pen si elle soutient l’hommage d’Emmanuel Macron à Gisèle Halimi, odieuse instrumentalisation politique dénoncée par les assos féministes comme nous le soulignions hier dans nos colonnes. Que répond Marine Le Pen ? « Gisèle Halimi était un soutien des terroristes du FLN contre l’armée française ».
Le FLN, des terroristes ? Un révisionnisme historique à l’heure du café, sans que les journalistes ne relèvent. Rien de surprenant quand on se souvient du passé de Jean-Marie Le Pen à l’OAS, et de sa nostalgie coloniale. Il y a plusieurs décennies déjà, Le Pen père déclarait : « si vous ne faites pas l’Algérie française, vous aurez la France algérienne ». Ce fantasme de l’invasion, matrice de la théorie du « grand remplacement » à l’origine de plusieurs sanglants attentats d’extrême droite.
N’oublions jamais que, le 15 mars 2019, 51 personnes ont été tuées par Brendon Tarrant à Christichurch en Nouvelle Zélande. Au nom de la théorie du « grand remplacement ». N’oublions jamais que le 22 juillet 2011, 77 personnes ont été tuées à Oslo par Anders Behring Breivik. Au nom de la théorie du « grand remplacement ». Oui, l’extrême droite tue. Oui, l’extrême droite a décimé des millions de vies dans notre Histoire. Il ne faut jamais l’oublier.
Et même si Marine Le Pen qualifiait cette théorie de « vision complotiste », le président du RN, Jordan Bardella, a finir par la reprendre à son compte. Son élection à la tête du RN avait alors fait bondir trois lieutenants historiques de Marine Le Pen : Steve Briois, Bruno Bilde et Louis Aliot. Les trois hommes dénonçant des « fous furieux qui ne sont obsédés que par l’identité » au détriment « de l’aspect social ». Ambiance.
L’interview se poursuit et arrive enfin le moment tant attendu : la séquence retraites. Mais où diable était donc passée Marine Le Pen ce mardi 7 mars 2022, jour de la plus forte mobilisation du 21e siècle (selon le ministère de l’intérieur lui même) ? Pas une seule photo postée par Marine Le Pen sur ses réseaux sociaux. Où était donc Marine Le Pen pendant que 3,5 millions de Français protestaient dans les rues du pays ? Les journalistes ne poseront malheureusement pas la question.
Arrive tout de même, timidement, la question des blocages. Une question qui embarrasse sacrément au Rassemblement national (lire à ce sujet l’article du journal Le Monde : Le RN évolue « sur un fil » face au blocage du pays). Le 16 février, au micro de RTL, Marine Le Pen déclarait : « oui, ça bloquera une partie du pays, mais ce sera de la responsabilité du gouvernement ». En écho, Sébastien Chenu soutenait, courageux : « toutes les initiatives qui permettraient d’y faire échec, quand bien même elles auraient des conséquences ».
Quatre jours plus tard, le 20 février, autre son de cloche sur BFMTV. Jordan Bardella est clair, il n’est « pas favorable au blocage ». Le président du RN reprend le traditionnel argument de droite : « les Français pris en otage par des files d’attentes interminables ». Alors, on n’a pas bien compris : le RN, pour ou contre le blocage de l’économie ?
Grâce à la question d’un auditeur, Marine Le Pen va faire tomber le masque. Cet auditeur lui demande pourquoi ne pas envoyer des gendarmes et des CRS débloquer les raffineries ? C’est vrai ça, pourquoi ne pas utiliser la force contre ces salauds de grévistes ? Réponse de Marine Le Pen : « vous avez parfaitement raison, à partir du moment où le blocage empêche d’accéder à l’essence, on fait débloquer par les forces de l’ordre, il y a eu des réquisitions et c’est parfaitement naturel ». Nous y voilà. Les réquisitions contre les grévistes, parfaitement naturel pour Marine Le Pen. Pourquoi ? Car l’extrême droite protège et protégera toujours les intérêts du capital contre les intérêts du travail.
Le 1er février déjà, au micro de France Info, Marine Le Pen avait préféré défendre la retraite jusqu’à 67 ans, plutôt que d’accepter l’idée de taxer une infime partie de la fortune des 42 personnes qui confisquent toutes les richesses dans ce pays. Marc Fauvel, intervieweur un peu plus coriace que nos deux journalistes de France Inter, avait demandé à Marine Le Pen :
« On pourrait taxer les plus riches ? ». Réponse de Marine Le Pen : « Taxer les plus riches c’est un peu vague ». Marc Fauvelle coriace, insiste : « On taxe les entreprises ou pas ? ». Et là, le vernis craque : « Le marteau n’a pas qu’un clou, des taxes, toujours des taxes ». Patatras. Et oui, on vous le répète depuis des années maintenant sur l’insoumission : Marine Le Pen est du côté du capital.
Rétablir l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF) ? Comme le souhaitent 87% des sympathisants RN (sondage ELABE) ? Le RN a voté contre à plusieurs reprises à l’Assemblée nationale, notamment les 23 juillet 2022 et 17 octobre 2022. L’augmentation des cotisations sociales d’assurance vieillesse pour résorber le « déficit » du système de retraite ? Marine Le Pen vote contre. La contribution exceptionnelle sur les dividendes ? La hausse de la taxation des retraites chapeaux les plus importantes ? La contribution exceptionnelle sur les fonds de pension ? Les contributions exceptionnelles de plus de 5% sur les dividendes affectées à l’assurance vieillesse ? Le RN s’abstient. C’est dogmatique : Marine Le Pen refuse de mettre à contribution le capital. Peu importe qu’une taxe de 2% sur la fortune des 42 milliardaires suffise à financer le déficit des retraites (OXFAM).
L’interview se poursuit. Marine se prononce contre les coupures d’électricité effectuées par les gaziers, les fameux « robin des bois » qui offrent du gaz gratuit aux quartiers populaires. Ces coupures « dépassent le cadre que [je] souhaite conserver ». Marine Le Pen : anti-système, mais pas trop. Contre la retraite à 64 ans, mais pas trop. Contre les blocages et pour les réquisitions de grévistes ?
Marine Le Pen est en décalage total avec la colère sociale. Marine Le Pen est en décalage avec la majorité des aspirations populaires : 67% des Français souhaitent le blocage de l’économie. 65% des Français souhaitent la grève reconductible. Et ainsi de suite.
Pourtant, au micro de France Inter, Marine Le Pen se fait la grande défenseure du « respect de la volonté du peuple ». Robespierre de se retourner dans sa tombe. La volonté du peuple ? Le peuple ce qu’il veut, à 65%, c’est la retraite à 60 ans. Un chiffre qui monte même à 85% chez les sympathisants RN (sondage ELABE pour BFM BUSINESS). Pourtant, Marine Le Pen ne défend plus la retraite à 60 ans. Pourquoi ? « Car Emmanuel Macron a fait exploser la dette à 600 milliards d’euros ! ». Tiens tiens, Marine Le Pen reprend ici le plus vieil argument de la droite pour tenter de justifier les attaques sociales : l’austérité. Peu importe le rapport du COR, le « sérieux » financier n’est pas le fort du RN.
Non seulement le RN ne défend plus la retraite à 60 ans, mais par soucis de « sérieux budgétaire », Marine Le Pen défend la retraite jusqu’à… 67 ans. En effet, avec 42 annuités exigées par le RN, ceux qui ont commencé à travailler tard, et surtout celles qui ont eu des carrières hachées, devraient bosser jusqu’à 67 ans pour bénéficier de la retraite à taux plein si le RN était au pouvoir. Derrière la « nécessaire austérité » invoquée pour justifier ce report de l’âge légal injustifiable, Marine Le Pen se montre ferme : de toute façon « la retraite à 67 ans, c’est déjà mieux que ce qui existe actuellement ». Une phrase prononcée par Marine Le Pen ce 1er février 2023 sur France Info, passée sous les radars médiatiques.
Il est fort dommage que les journalistes ne poussent pas plus Marine Le Pen dans ses retranchements sur le sujet des retraites. On découvrirait sans doute de l’or. On découvrirait sans doute la raison du silence de Marine Le Pen depuis le début de la séquence retraite. Marine Le Pen a en effet tout, sauf intérêt à sortir du bois et clarifier sa position. Comme le souligne le journal Le Monde, Marine Le Pen est « sur une ligne de crête ». Elle doit composer d’un côté avec son électorat populaire, en immense majorité opposée à la retraite à 64 ans. Et de l’autre côté, avec un électorat de droite traditionnel.
Quand le journaliste de France Inter lui demande la raison de son absence, Marine Le Pen la reconnaît, mais botte grossièrement en touche :« quand on est de gauche, on est invité partout ». C’est tellement vrai, que, selon Le Figaro, la personnalité politique la plus invitée dans les médias en 2022, se nomme Jordan Bardella. C’est tellement vrai que, trois des cinq personnalités les plus interviewées dans les médias, sont des membres du Rassemblement national. C’est tellement faux que Claire Sécail, chercheuse au CNRS, a montré que 53% du temps d’antenne de TPMP entre septembre et décembre 2021 est consacré aux idées d’extrême droite.
Enfin, savoureux, l’interview de Marine Le Pen se conclut par une question sur l’inflation. Selon l’Insee, les produits alimentaires ont surenchéri en février de… 14,5% sur un an. : +25,18% sur le riz, +11,52% sur les spaghettis, +54,3% sur le sucre, +37,39% sur la farine, +33,15% sur les steaks surgelés, +27,32% sur le PQ, +22,7% sur le beurre, +19,11% sur les céréales, +13,05% sur le café, +19,21% sur les œufs, +21,38% sur les petits pois, +11,43% sur l’eau… Ces chiffres traduisent une réalité en France, que peu semblent vouloir regarder en face : une crise alimentaire (retrouvez ici les chiffres des Restos du cœur). Le journaliste de France inter cite alors Bruno Le Maire : « avec la liberté du commerce, on ne peut pas bloquer les prix ». Silence gêné de Marine Le Pen. Pas de relance malheureusement des journalistes.
Selon un sondage du JDD, journal appartenant à Vincent Bolloré, Marine Le Pen apparaît, à tort, évidemment, comme la meilleure opposante à la retraite à 64 ans. Démasquer l’arnaque sociale que constitue le RN, urgence absolue. Avant qu’il ne soit trop tard.
Par Pierre Joigneaux.
A lire également ci dessous et toujours d’actualité : L’imposture sociale de la candidate Le Pen - Publié le 14 avr. 2022 sur le site de la CGT
Article publié le 16 mars 2023.