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La loi de financement de la sécurité sociale actuellement en discussion au parlement prévoit la création du « forfait patient urgences ».
Si cette disposition est votée, désormais, TOUS les patients devront payer un forfait de 18 euros pour leur passage aux urgences – forfait réduit parfois à 8 euros – y compris les personnes invalides, les cancéreux, les diabétiques, les malades du sida, les personnes épileptiques, les femmes enceintes – ( il y a cependant un amendement du rapporteur de la loi pour les retirer de cette liste ) . Les seules exceptions actuellement recensées sont les malades du Covid-19 et les victimes du terrorisme.
Tout le monde devra payer 18 euros dans le cas où il serait établi que la présence de ces personnes aux urgences ne nécessiterait pas ensuite le passage en hospitalisation.
Mais pourquoi une décision pareille est prise. On le devine : pour désengorger, dit-on, les urgences.
Mais pourquoi va-t-on aux urgences ? Par plaisir ? Tous les Français savent que passer aux urgences, c’est attendre un temps interminable dans des conditions qui sont tout à fait démoralisantes. Pourquoi y vont-ils ? Et bien parce qu’ils ne sont pas capables, comme tout le monde le comprend, d’évaluer la gravité de ce qu’ils ressentent. C’est pour ça qu’ils vont là : pour qu’on le leur dise.
Et les gens se rendent aux urgences parce qu’il n’y a plus assez de médecins.
20% des Français disent s’être déjà rendus aux urgences dans les deux dernières années par manque de disponibilité d’un médecin de ville.
Il n’y avait personne pour s’occuper d’eux ! Ils vont donc au seul endroit où on pourra le faire.
3,8 millions de Français vivent dans un désert médical.
Il faut en moyenne 6 jours pour obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste, 22 jours pour un pédiatre, 28 jours pour un dentiste, 80 jours pour un ophtalmo.
Par conséquent, ce forfait sera d’abord une punition pour les pauvres (près de 10 millions recensés en France officiellement) et les territoires les plus touchés par le manque de médecins.
Et que se passera-t-il ? Dès lors qu’ils sauront que ça coûte 18 euros, ils risquent de retarder leur déplacement. C’est-à-dire que, le cas échéant, leur état s’aggravera, ou bien que leur situation qui aurait nécessité une hospitalisation, comme ils n’avaient pas la certitude qu’ils l’auraient, ils n’iront pas et donc leur leur situation s’aggravera.
D’ores et déjà, 45% des Français ont déjà renoncé à aller chez le médecin parce que c’est trop cher.
3 millions de Français n’ont pas de mutuelle et donc pas de prise en charge possible du forfait hôpital.
Les soins seront donc repoussés jusqu’à aggravation et donc jusqu’à hospitalisation.
Donc, il y a les mutuelles, va-t-on nous dire. Oui, mais les complémentaires, mutuelles, assurances privées vont évidemment inscrire ce nouveau forfait dans leurs contrats. Leurs tarifs ont déjà augmenté de 47% en 10 ans. Leurs frais de gestion ont augmenté de 30% également en 10 ans.
Vraiment, mieux vaudrait avoir un système de Sécurité sociale unique d’un bout à l’autre, qui nous épargnerait de voir consacrées 15% des dépenses de ces mutuelles en coûts de financement pour la publicité et les actionnaires !
Mieux vaudrait en finir avec la politique de destruction des lits hospitaliers qui continue à l’heure actuelle, Macron a supprimé 7500 lits en 2 ans.
Mieux vaudrait engager une véritable politique de création de centres de santé publics pluri-disciplinaires (regroupant médecins généralistes, spécialistes, infirmiers, radiologues....)
Ces 18 euros sont durs pour les faibles.
Et la conséquence sanitaire sera rude. La santé, à cet égard, pour les gens simples, pour la vie de tous les jours, pour ceux qui ne savent pas et cherchent où se faire accueillir, la santé devient un luxe.
C’est inacceptable : les assurés ne peuvent être rendus responsables du manque de médecins dits « de ville » ou de recours possibles à des soins de proximité qui les obligent à se rendre dans les services d’urgence. Ils ne peuvent être rendus responsables des fermetures de lits à l’hôpital, du manque de personnels soignants dans tous les services...
A lire également le tract de l’UL CGT de Tarbes sur la situation des hôpitaux publics :
Article publié le 23 octobre 2020.