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Olivier Dussopt, la traîtrise comme seconde nature

Alors qu’un député, élu de la République, représentant les citoyens dont une large majorité combat le projet "retraite" du gouvernement, se trouve exclu pour 15 jours de l’Assemblée Nationale pour "outrage" ou provocation" après avoir tweeter sur Olivier Dussopt, lui même outrageux et provoquant apologiste de ce projet, un article de regards.fr vient illustrer les dessous nauséabonds de ce personnage du gouvernement (bien connu de nos services, en 2020, il est nommé ministre délégué chargé des Comptes publics dans le gouvernement Jean Castex) :

Olivier Dussopt, la traîtrise comme seconde nature
Par Guillaume Liégard | 8 février 2023

La personnalité et le parcours du ministre du Travail relèvent du cas d’école, la Macronie poussée au paroxysme, mais plutôt en version Tullius Detritus de Goscinny qu’en Playmobil.

De même qu’il y a des composés chimiquement purs, de même il y a des individus qui concentrent à la perfection l’air du temps. Dire du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion qu’il est doté d’une souplesse d’échine hors norme serait à l’évidence mésestimer ses capacités d’adaptation. Le personnel politique est coutumier de ces individus qui cumulent une absence à peu près complète de convictions adossée à un art de la reptation inouï pour franchir les paliers de la réussite. La palinodie, stade suprême de la Macronie ? Reconnaissons en Olivier Dussopt un maître en la matière.

Venu de la gauche du Parti socialiste, il était signataire de la motion Hamon au congrès de 2008, puis porte-parole de Martine Aubry dans la primaire de 2012 remportée par François Hollande. Oui mais voilà, le député de l’Ardèche élu en 2007 et réélu en 2012 veut être ministre. Sponsorisé par Manuel Valls (il est moins à gauche déjà) il échoue à deux reprises durant le quinquennat Hollande.

Réélu député PS en 2017 après avoir soutenu Manuel Valls dans la primaire socialiste et voté Macron à tous les tours, il vote contre les ordonnances sur la loi Travail et contre le premier budget de la Macronie à l’automne 2017… et puis là, chemin de Damas, révélation, épiphanie, le 24 novembre 2017, il est nommé secrétaire d’État auprès du ministre de l’Action et des Comptes publics.

Le 30 novembre – 6 jours après !!! –, il défend le budget sur le banc des ministres, ce budget même qu’il a refusé comme député (une séquence à voir et à revoir sans modération). Et là on dit chapeau l’artiste, il faut regarder le sénateur socialiste David Assouline – qui pourtant en a vu d’autres au sein de son parti – expliquer affligé dans la vidéo : « Ça n’est pas banal, je pense même quasi unique, que l’on puisse voter contre un budget à l’Assemblée et venir au nom du gouvernement, six jours après seulement, dire qu’on est pour et surtout le défendre. Je le dis uniquement parce que si on le banalise et qu’on ne le commente pas comme je le fais là, on diffuse quelque chose qui est déjà ressenti par les citoyens, qu’il n’y a pas beaucoup de convictions et de cohérence dans l’engagement des hommes politiques. »

Eh oui, Olivier Dussopt est un champion toute catégorie, le Teddy Rinner de la trahison. Notons au passage qu’aussitôt entré au gouvernement, il est chargé de la réforme de la fonction publique, qui prévoit notamment la suppression de 120.000 emplois… On a le cœur ancré à gauche ou on ne l’a pas !

Devenu ministre du Travail avec la réélection d’Emmanuel Macron, c’est donc lui, l’opposant au passage à la retraite à 62 ans lors de la réforme Woerth, qui défend le passage à 64 ans. Une ironie qui n’a pas échappée au député socialiste Iñaki Echaniz, lequel a pu poser au ministre Dussopt sa propre question au ministre Woerth concernant la réforme des retraites, 13 ans plus tard...

La retraite et le favoritisme

Passer du courant hamoniste à proche de Darmanin, c’est jusque-là cohérent avec son évolution politique. La justification est en revanche savoureuse : « La maturité politique fait qu’on évite parfois les solutions simplistes ». Un esprit chagrin verrait une forme d’arrivisme le plus vil, que nenni, Olivier Dussopt a au contraire extrait la substantifique moelle du Macronisme où « changer d’avis devient un signe d’adaptabilité, de flexibilité, termes si prisés dans l’entreprise performante censée devenir le modèle de la startup France ». [1]

Mais Olivier Dussopt ne pourrait pas être un ministre à part entière sans quelques démêlés avec la justice, ça fait partie du contrat. En mai 2020, le site Mediapart révèle qu’il s’est vu offrir deux lithographies en janvier 2017 par un dirigeant de la Saur (numéro trois de la gestion de l’eau en France) et ce en pleine négociations entre la Saur et la ville d’Annonay dont Olivier Dussopt est alors maire.

Un cadeau « d’un ami » dira-t-il dans un premier temps avant de reconnaître qu’il s’agit bien « d’un cadeau de l’entreprise » et de restituer les œuvres. L’enquête du Parquet National Financier déterre une seconde affaire suite à une perquisition au domicile du ministre. Les enquêteurs découvrent des échanges entre Olivier Dussopt et l’entreprise Saur semblant confirmer l’existence d’un arrangement autour d’un autre marché public en 2009-2010. C’est cette dernière affaire qui a fait surface récemment.

Qu’on ne s’inquiète pas outre mesure, le ministre a tout de suite reçu le soutien d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne. On ne sait pas si un toast « il est des nôtres » a été entonné mais la « majorité » s’est dite en outre « étonnée » que cette affaire sorte à ce moment-là. Là on est au bord du « comme par hasard » et du « coïncidence ? je ne le crois pas » qu’affectionnent tant les complotistes de tout poil. Jean-Michel Apathie et Nathalie Saint-Cricq – qui sont au journalisme d’investigation ce que les frères Bogdanov sont à la physique théorique – ont tout de suite vu baleine sous caillou : le timing « est assez étonnant quand même » a dit l’une ; « la fuite est opportune » a enchéri l’autre.

Face à l’accusation de favoritisme, le responsable com’ de Renaissance n’y va pas par quatre chemins : « Face au tribunal populaire, aux attaques anarchiques et médiatiques. J’adresse mon plein soutien à notre Ministre ».

Anarchiste et populaire, c’est une curieuse définition pour le PNF, mais pourquoi se gêner après tout ?

Citons à nouveau Pierre Serna : « Une des clés de la victoire des souples serviteurs du monarque réside dans leur talent à transformer leur palinodie ou leur trahison en devoir moral… quitte à réinventer des figures héroïques de papier ». [2] Le Macronisme depuis ses débuts est un rassemblement de traîtres de gauche et de droite, il n’y a rien de bien nouveau, l’équation est connue depuis 2017. Arrivisme débridé, rapport à l’argent décomplexé, mélange des deniers de l’État et des groupes privés (au profit de ces derniers), un peu de barbouzerie glauque genre Benalla, ce gouvernement incarne le naufrage de l’intérêt public, d’un minimum de probité. Il lui fallait une mascotte pour l’incarner, c’est chose réussie avec Olivier Dussopt.

Guillaume Liégard

[1] Pierre Serna, L’extrême centre ou le poison français.

[2] Idem.

Lire l’article regards.fr en ligne (et avec des belles images et des vidéos !)

...Toute ressemblance avec des personnes ou des situations ayant existé ne saurait être que fortuite

Article publié le 11 février 2023.


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