Nous retrouverons les jours heureux

Réaliser cette belle espérance devra se faire sans le macronisme.

Cet article est en accès libre. Politis ne vit que par ses lecteurs, en kiosque, sur abonnement papier et internet, c’est la seule garantie d’une information véritablement indépendante. Pour rester fidèle à ses valeurs, votre journal a fait le choix de ne pas prendre de publicité sur son site internet. Ce choix a un coût, aussi, pour contribuer et soutenir notre indépendance, achetez Politis, abonnez-vous.


Dans sa très solennelle adresse aux Français du lundi 13 avril, Emmanuel Macron a expliqué, après avoir annoncé qu’il serait prolongé d’un mois encore jusqu’au lundi 11 mai, que le confinement « creus[ait] les inégalités ». Puis il a déclaré qu’il voyait dans la « crise » que nous traversons « une chance » de « nous ressouder et prouver notre humanité » et de « bâtir un autre projet dans la concorde », et qu’il allait « dans les prochaines semaines » se consacrer à cette noble mission. Puis enfin il a conjecturé, dans une allusion transparente au titre – Les Jours heureux – du programme politique et social publié clandestinement par le Conseil national de la Résistance au mois de mars 1944 (1), que « nous retrouverons les jours heureux ».

Quelques jours plus tard, l’éditocrate thatchérien Nicolas Baverez, contempteur fanatique de ce qu’il nomme le « pseudo-modèle social français (2) », répétait dans Le Figaro, où ses prédications hallucinées sont regardées comme un acmé de la pensée : « Plus le confinement dure, plus il creuse les inégalités. »

MM. Baverez et Macron, chez qui ces libertés sont coutumières, se tiennent donc, l’un comme l’autre, très à distance – sociale – de la réalité des faits. Car ce n’est bien sûr pas tant le confinement qui creuse les inégalités que l’effet, soudain surexposé par cette réclusion, des quatre décennies de néolibéralisme durant lesquelles l’enrichissement continu d’une minorité de possédant·es est allé de pair avec l’appauvrissement constant des plus démuni·es.

Or Emmanuel Macron, soûl de lui-même et de l’insondable mépris de classe dans lequel il tient « ceux qui ne sont rien », s’est montré, sitôt qu’élu, plus assidu encore au creusement de ces inégalités que ne l’avaient été ses prédécesseurs. Depuis son élection, en effet, il fait aux pauvres une guerre sans merci – lorsque, par exemple, il diminue le montant des aides personnalisées au logement (APL) qui leur étaient chichement allouées, avant de supprimer quelques mois plus tard, pour le plus grand bénéfice de quelques dizaines d’ultrariches, l’impôt sur la fortune (ISF). Et lorsque, poussé·es à bout par ses brutalités répétées, des désespéré·es prennent la rue pour lui manifester qu’elles ne leur sont plus tolérables, il fait donner le préfet Lallement…

Il est possible, en effet, que nous retrouvions des jours heureux au sortir de l’étrange épreuve où nous sommes confiné·es : nous devrions en tout cas nous accrocher à cette belle espérance et nous donner tous les moyens de la réaliser. Mais cela devra se faire contre le macronisme – cet affreux monde baverezisé qui, depuis trois ans, n’a cessé de prouver son inhumanité en broyant à grands coups de grenades, de matraques et de mensonges tout ce qui pouvait porter à des envies de plus de concordes ou d’égalité.

(1) Et au grand dam du camarade Gilles Perret, qui a consacré à cette « utopie des résistants » devenue « réalité » un film qui peut être acheté ou loué sur www.lesmutins.org/les-jours-heureux

(2) Et auteur, naguère, d’un inoubliable sermon d’où ressortait notamment que « le temps libre dégagé » par les « 35 heures » favorisait dans le prolétariat « la recrudescence de certains fléaux sociaux » comme l’« alcoolisme » et la « violence ».


Haut de page

Voir aussi

*DUUU : radio confinée… mais libre !

Culture accès libre
par ,

 lire   partager

Articles récents